Ile de Con Dao : quand l'enfer devient paradis
Nous voici arrivées sur l’île de Con Dao, au large de la côte du sud du Vietnam. L’atterrissage fut impressionnant : on frôle le relief et on croît que l’on va atterrir sur la plage… Fort heureusement la piste d’atterrissage est au bout de celle-ci ! Le temps est magnifique. En sortant de l’avion, on apprécie le calme qui règle ! Pas de klaxons ni de moteurs, le calme après le tumulte de Saigon.
Nous arrivons à notre mini hôtel donnant sur la plage. Ici, pas grand choix pour se loger, et rien de parfait à moins d’avoir un budget de plusieurs centaines de dollars par nuit, ce qui n’est bien sur pas notre cas ! Notre chambre ou sorte de hutte en dur est cependant spacieuse et propre. Même si certaines choses pourraient être mieux, on apprécie grandement le fait d’être directement sur la plage. Et elle est belle. On rigole pas mal avec 2 jeunes réceptionnistes qui essayent tant bien que mal de parler anglais. C’est laborieux mais mignon et comique au final, lorsque je demande un plan du coin et que le réceptionniste me tend… une assiette !!! Pour me faciliter la vie, je décide donc de me lancer en vietnamien. Miraculeusement, j’arrive relativement bien à me faire comprendre (par contre, comprendre les réponses n’est pas toujours évident !). Heureusement pour les choses un peu compliquées, la manager des lieux parle un bon anglais. Elle m’indique qu’elle voudrait apprendre le français pour mieux répondre à ces derniers dont elle trouve l’anglais un peu pauvre… Enfin, bon anglais ou pas chez les français ou les vietnamiens, on finit toujours par y arriver à force de sourires et de mîmes (et de bafouillements en vietnamiens quand on peut !).
L’île s’ouvre doucement au tourisme. C’est génial car ils sont encore peu nombreux, et l’île est vraiment belle. La contrepartie c’est que les logements sont sans réel charme, et aucun n’a encore eu la bonne idée d’ouvrir un petit resto de plage, les pieds dans le sable… Mais on est largement prêt à passer là-dessus pour profiter de l’endroit, vraiment !
Il faut aussi pouvoir se motoriser. Cela fait 15 ans que je n’ai pas conduit un scooter, alors c’est le moment de s’y remettre. Fort heureusement la circulation de motos est faible, et il y a très peu de voitures. Ca tombe bien. Nous démarrons sous l’œil amusé de notre réceptionniste favori, qui guette le moment où nous allons nous empêtrer pour sortir la moto du chemin qui mène à l’hotel… Finalement, il n’en sera rien, nous nous débrouillons comme des chefs… à nous Con Dao !!!
J’apprécie toujours autant cette liberté retrouvée que de circuler en scooter ! On est libre d’aller où on veut, de s’arrêter quand on veut, on est au grand air, c’est le bonheur. Nous suivons la route qui mène à l’ouest de l’île au coucher du soleil, c’est magnifique. Magique, une plage de sable fin n’attend que nous. Il n’y a personne, que nous et le coucher du soleil. Après une bonne baignade, nous rentrons à la tombée de la nuit.
Ah oui, vous vous demandez surement pourquoi je parle d’enfer ? Et bien parce que l’île a abrité le bagne de Poulo Condore, établi en 1880 et utilisé successivement par les Français, les Américains puis les communistes vietnamiens. L’île comporte de nombreux vestiges comme un musée commémoratif et les prisons. De nombreux vietnamiens viennent ici en pèlerinage. Beaucoup plus de tourisme vietnamien dans ce but d’ailleurs que d’étrangers au final. Ce qu’ils omettent bien de dire dans tout cela, c’est que les vietnamiens eux-mêmes ont utilisé cette prison pour leurs prisonniers opposants au régime. Cela n’enlève rien à l’horreur du lieu créé par les français avec des traitements inhumains infligés aux prisonniers. On les nourrissait de riz mélangé avec du sable et des morceaux de porcelaine broyée. Par ailleurs, bagne oblige, on les faisait travailler de façon acharnée, sans parler des tortures et autres enchaînements, isolements, entassements… enfin bref des choses dont on se demande comment un être humain peut les faire subir à un autre.
Tout cela étant fort heureusement du passé, et le gouvernement ayant décidé dans les années 90 d’ouvrir l’île au tourisme et d’en faire un lieu de mémoire à la gloire d’Hô Chi Minh et de sa lutte pour l’indépendance du pays, l’île va enfin pouvoir se montrer sous son véritable jour. En tout cas pour ma part, je suis séduite. J’espère que le développement n’ira pas trop vite (on sent que ça bouge même si il n’y a pas de chantiers ou de grues apparentes) et sera bien mené.
En tous les cas, l’île sera de facto protégée par le parc national qui couvre une grande partie de sa surface. Enfin on l’espère. On y trouve des espèces endémiques que nous espérons pouvoir apercevoir demain lors d’une marche dans la forêt. L’endroit est bon pour la plongée ou juste le snorkelling avec masque et tuba. C’est n’est pas la côte est malaisienne (ouh la la je deviens difficile !), mais il y a tout de même pas mal de jolis poissons, pas en quantité, mais en variété ce qui est déjà beau ! Il ya aussi de beaux coraux, notamment des verts anis (décidément cette couleur est à la mode !) et de nombreux bénitiers aux couleurs vives. Si on est chanceux et que c’est la saison (là c’est un peu moins notre cas), on peut voir des dugongs et les tortues qui viennent pondre sur la plage. Ce qui me « forcera » à revenir dans quelques années avec mes enfants pour leur montrer tout ça !
Je ne peux m’empêcher de partager quelques photos de fleurs… Ici c’est un festival de bougainvilliers, frangipaniers, flamboyants, hibiscus… un régal pour les yeux ! Que c’est beau !
